Il y a très très longtemps, un être monstrueux, la Bête, hantait la forêt de Staneux, c’était une sorte de centaure, corps de cheval et buste de femme qui, friand de chair humaine faisaient la chasse aux habitants qui se hasardaient dans le bois.
Pour s’en débarrasser, un cordonnier indiqua la manière de procéder. Comme la Bête aimait imiter les actes des hommes, il se façonna une paire de bottes à sa mesure et une autre beaucoup plus grande à l’usage de la Bête, il donna à celle-ci des tiges rigides et enduisit l’intérieur de poix (colle de cordonnier).
Ceci fait, il se mit en route vers le repaire du monstre accompagné de tous les pollinois valides, à l’exception d’un jeune marié qui refusa de participer à l’expédition. Bientôt la Bête apparu, on déposa à terre les grandes bottes tandis que le cordonnier enfilait les petites. Aussitôt la Bête entre, elle aussi, ses pattes dans les celles qu’on lui présentait. Aussitôt tous les hommes entourèrent la Bête qui ne pouvait ni se défendre, ni s’enfuir et réussirent à la mettre à mort.
Le retour avec la dépouille fut triomphal mais la population jugea très mal l’attitude du jeune marié qui fut condamné pour sa couardise à être plongé dans l’eau glaciale de la Hoëgne du haut du vieux pont.
Cette légende est la plus ancienne et la plus connue des légendes franchimontoises, un écrit de 1476 signale que les gens de Polleur avaient le droit au bois du Staneux et en jouissaient pour avoir tué une beste dite la beste de Staneux qui doit avoir été de la figure du Sagittaire…