_ C’était vers 1785. Un habitant de la région de Theux, Monsieur Louis Servais, comprenait dans sa petite exploitation un terrain vraiment remarquable par la richesse de son froment; les épis lourds et bien dorés promettaient une moisson admirable.
Or, un matin que notre homme passait dans son champs, quelle ne fut pas sa surprise de voir tous ses beaux épis liés les uns aux autres. C’était désastreux. Tout de suite, il se rendit compte que vouloir les délier, c’était risquer d’anéantir toute sa récolte, vu que le grain n’était pas encore à maturité.
Dans ces temps là, au pays de Franchimont, on croyait encore aux jeteurs de sort et aux » mâles dgins ». Louis Servais. n’en doutait pas, on lui avait jeté un sort.
A cette époque, les combats de coqs étaient encore en faveur chez nous; il n’était pas rare de rencontrer dans certains logis un beau coq empaillé dont le bec et les éperons vous menaçaient encore du haut d’une étagère. C’était là l’heureux vainqueur de nombreux et dangereux combats. Pour rendre le duel meurtrier, le propriétaire du combattant lui appliquait parfois un ergot supplémentaire en acier. Malheureusement pour les amateurs de ce sport, ces joutes reconnues inhumaines furent prohibées et remplacées de nos jours par… des pugilats de boxe.
Louis Servais, fervent adepte de ces combats, circulait dans toute la contrée avec ses coqs « batteux ». Au cours d’une de ses randonnées, il avait entendu parler d’un habitant de Fosse, forgeron de son état, et qui possédait un grand pouvoir occulte. Quand on parlait de ce dernier, on disait : « Lu marihâ d’Fosse, qui r’wèrih les plaïes ès les bosses ». Louis voulant se renseigner sur les causes de sa mésaventure, résolut d’aller rendre visite au « marihâ ». Arrivé à sa destination, il voulut lui expliquer le motif de sa visite, mais, à son grand étonnement, l’autre lui assura qu’il était au courant de tout. Bien mieux, ils connaissaient les auteurs de l’opération… à suivre…