Monsieur Rogister
Assis dans son salon aux couleurs chaudes doucement éclairé par les grandes portes-fenêtres. Sa maison se présente un peu comme son propriétaire. Elle n’est pas d’un seul bloc. Elle cache des coins et des recoins. Située au bas du village d’Oneux, elle offre une vue superbe sur le haut de la vallée de la Hoëgne.
Après cette visite chez Jean-Claude Rogister, j’ai eu le sentiment d’avoir baigné dans un espace conceptualisé peu banal. L’homme et son habitat sont, me semble-t-il, le reflet l’un de l’autre. Monsieur Rogister est un jeune pensionné. Il est né à Theux, le 25 juin 1945. De père ouvrier dans le secteur du transport, il en garde quelques valeurs importantes comme le sens du travail accompli… Mais, peut-être plus que tout, on ressent chez lui une volonté de voir à long terme.
Après des humanités techniques à l’IPES de Verviers, il poursuit ses études à l’école de la F.N. Le plan de carrière allait être tout tracé. Effectivement, il entre tout naturellement à la F.N. et pourrait y faire toute sa carrière. Pourtant, trois mois plus tard, il décide de quitter ce que d’autre appellerait une place en or pour aller travailler dans la société OCE. A cette époque, cette société, actuellement spécialisée dans les photocopieuses, était davantage tournée vers les tireuses de plans. Il va y rester quelques années avant de comprendre que son monolinguisme serait dans cette société néerlandophone toujours un handicap pour exercer un poste à responsabilités. Il quitte alors OCE pour créer, en 1976, sa société Burodep. Cette société vend avant tout des concepts, des ambiances,… de bureaux. En 2002, il décide de revendre sa société à un groupe danois. A ce moment-là, la société occupait une centaine de personnes.
A cinquante-sept ans, le voilà libre de toute occupation professionnelle. Comment expliquer ce choix, alors qu’il a tant donné pour chercher à toujours développer plus son entreprise ? Il donne trois explications que je vous transcris sans ordre d’importance : le secteur de l’aménagement de bureau prend de plus en plus une dimension internationale. Effectivement, des clients de l’entreprise comme Dexia, Axa, BEL, ont leur centre de décision à Paris, La Haye,… – cette internationalisation demande de nouvelles compétences qu’un autodidacte comme Monsieur Rogister ne se sent peut-être pas toujours à même d’apporter – il a eu une grande opportunité de remettre son affaire à un moment adéquat.
Ce patron, qui se décrit comme social, a donc tourné une page pour continuer une autre vie avec de nouveaux projets. Il y a là aussi un trait de caractère très marquant. C’est un bouillonnant. Et même si ses idées provoquent chez lui un certain stress, tout simplement parce qu’il se lance un nouveau défi. Il me semble que ce qui a toujours été moteur chez lui, c’est la volonté de créer, d’innover , d’être précurseur dans son secteur. Son énergie, il la met aussi depuis quelques années dans le Rotary de Pepinster-Theux et depuis peu, dans la société de Saint-Vincent de Paul. C’est un peu à ce titre qu’on le retrouve organisateur de concert à l’église de Theux. L’an passé, souvenez-vous, il a fait venir Julos.
Pour demain, il a encore des projets en partie tournés vers le sauvetage d’entreprises. Une idée traverse cette démarche, c’est la volonté de défendre la créativité comme vecteur de développement de nos entreprises wallonnes. Anticiper, voir autrement, oser se différencier,… ce n’est pas facile, ce n’est pas sans risque, mais cela est souvent un facteur dynamisant. Voilà un tour bien mince du personnage qui cache d’autres richesses et qui, je l’espère, continuera à imaginer de nouveaux projets.
Alexandre Lodez.
Pays de Franchimont 681 septembre 2003