Hormis ses cinq premiers jours qu’il a passé à Tournai, où il est né par hasard, notre homme ne se souvient pas avoir habité ailleurs qu’à Theux. C’est dire s’il connaît bien sa commune et si les habitants de Theux le connais sent tout aussi bien ! Pierre Bouffa, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est une tête (et une silhouette) bien connue de tout le monde, à plusieurs titres.
A l’âge de vingt et un ans, « Pélican bavard » (son totem chez les scouts, où il a fait toutes ses classes, de simple scout à chef de troupe) ne sait pas encore bien quel avenir professionnel sera le sien. André Joris, ancien CP de sa patrouille et alors commandant de police à Spa, croise pour la deuxième fois son chemin et voit en lui le potentiel d’un bon agent de police. Après tout, pourquoi pas ? C’est ainsi qu’en octobre 1976, Pierre Bouffa est présenté au bourgmestre, engagé pour six mois comme employé avant de devenir agent de police et ensuite garde-champêtre. En 1992, il devient officier de police judiciaire à Spa, et, en 1998, il revient à Theux comme inspecteur principal de première classe (section judiciaire). Gageons que c’est à Theux (aujourd’hui intégré dans la zone inter-police avec Spa et Jalhay) qu’il terminera sa carrière : être policier dans la région offre la satisfaction de connaître les gens pour qui on travaille, et cela rend le boulot plus agréable qu’ailleurs. André Joris, toujours lui, allait une troisième fois se trouver à la croisée des chemins de l’ami Pierre. En 1977, il lui indique qu’on recherche des sapeurs-pompiers volontaires et que, pour ceci aussi, il a le profil idéal. A nouveau, pourquoi pas ? C’est ainsi qu’aujourd’hui Pierre Bouffa est toujours pompier, commandant les quarante hommes du corps de Theux. Un groupe qu’il qualifie de « belle équipe », de volontaires – il insiste -, dont il apprécie l’esprit de dévouement permanent et la solidarité dans l’action, malgré les petits différents qui surgissent inévitablement ça et là. Une solidarité qui n’a pas fait faille quand l’explosion de gaz de janvier 1997 rafla deux hommes, Paul Lemaire et Roland Bastin. La responsabilité dans des moments pareils est difficile à porter : » On n’oublie pas, on vit avec ». Outre le service aux gens, la fonction de pompier offre également une belle complémentarité à celle de policier, car elle est plus valorisée. « Les gens disent merci aux pompiers, parfois six mois plus tard, et jamais aux flics, même s’il s’agit bien d’un service public dans les deux cas ».
Pour le reste, quand l’agenda le permet, le programme est à la … tranquillité ! D’accord pour le nécessaire minimum de « mondanités », même si sa préférence va au calme de la maison voire, mieux, à la pêche … mais seul ! Normal, quand on passe ses journées à voir du monde. Pour ce qui est de la relève, elle est assurée : le premier fiston est en voie d’être gendarme et le second rêve de devenir pompier. « Drôle, non? Et je n’ai jamais poussé à rien, vraiment ! ». La vie a du bon. Pierre Bouffa reste ainsi toujours amusé, et quelque part étonné, de constater que la plupart des visages du coin lui sont familiers. Le temps d’acheter le journal, et c’est une quinzaine de personnes – sans exagérer – qui l’apostrophent et le saluent entre le comptoir et la voiture ! Le physique ne passe pas inaperçu et l’abord est toujours cordial, alors qui donc s’étonnerait qu’il en soit ainsi ?
Frédéric Henrard.
Pays de Franchimont 649 octobre 2000