Un «Spixhois» d’exception, véritable «acteur» de la vie franchimontoise !
Aussi vif qu’un feu follet, l’œil pétillant et guilleret, prêt à se passionner et à donner le meilleur de lui-même, il s’active. Avec lui, pas question de lambiner ! Bref : «I fâ qu’ça rôt !»
Et «ça rôt !». Au travail comme en société, il est au four et au moulin ! Pas étonnant dès lors qu’il soit reconnu et apprécié dans tous les coins de sa commune et même de notre ancien Marquisat de Franchimont !
Tiens, en parlant de Franchimont, vous rappelez-vous qu’à toutes les foires moyenâgeuses, à l’exception de la dernière, vous avez pu assister à la découpe à l’ancienne du «cochon» ? Et qui s’en occupait, aidé de Jean Grégoire, un autre Jean, que vous connaissez tous, notre ami Jean Gaspar.
Né le 17 octobre 1913 à Sassor, le plus jeune d’une famille de six enfants, il fréquente dès son plus jeune âge l’école communale des garçons de Theux.
Déjà très actif, il a besoin l’après-midi de réaliser des travaux productifs comme le jardin … (de l’instituteur) plutôt que des exercices scolaires …! Il mange ses tartines chez un boucher, «M Nizet», installé rue Hovémont et…, déjà, il apprend à nettoyer et à découper la viande. Son chemin est tracé …
Dès l’âge de treize ans, ses pas le conduiront chez plusieurs bouchers spadois.
Il travaille avec son frère aîné Joseph avant de s’installer à Verviers, rue des Martyrs. La guerre éclate ! Jean doit s’arrêter.
Gravement blessé au bras droit (il porte encore aujourd’hui les séquelles de ses blessures), il s’adaptera à son handicap (il faut le faire) et, courageusement, dès 1946, il reprendra la boucherie de M Joseph Gonay sur la place du Perron à Theux.
Il exerce son métier avec un talent et un savoir-faire de plus en plus méconnus de nos jours.
Tout le monde, jusqu’en 1975, date à laquelle il cessera malheureusement ses activités, apprécie le saucisson, le boudin blanc, la hure, le foie piqué, le filet d’Anvers, la viande hachée devant le client, de chez M Gaspar. C’est un régal !
Le client est respecté pour ses goûts et aussi … ses opinions. On discute chez Jean Gaspar, mais on ne se dispute jamais !
De 1937, date de son mariage avec Julia Pirlot, à 1945, cinq filles naissent à la ferme de Spixhe ! Et puisqu’on parle mariage, une petite anecdote : Sachez que celui-ci a bien failli ne pas avoir lieu au jour prévu. Ce n’est pas que la future Mme Gaspar manifestait certains scrupules de dernière minute ! Ce n’est pas que le candidat marié ait filé à l’anglaise ou qu’il ait oublié de venir. Non ! Mais personne ne se trouvait à l’hôtel de ville pour unir les deux tourtereaux. Le bourgmestre de l’époque, M Vivroux, était parti à Bruxelles et celui qui devait le remplacer ce jour-là ne donnait pas signe de vie. Après les quelques minutes d’impatience que figure bien connue des tous les Theutois : Jean Gaspar. vous imaginez, on finit par aller le quérir sur son lieu de travail, au Syndicat agricole, d’où dans l’habit de circonstance, il vint enfin rejoindre la noce et procéder au mariage des époux.
Mariés donc et bien mariés, pour le meilleur et pour le pire… avec Julia, sa Julia, qui, sous des dehors plus tranquilles, d’humeur toujours égale, en apparence moins agitée, tout aussi efficace et détendue, à la besogne comme en société, est toujours d’accord … au début. Elle approuve, ne critique pas…, donne son avis. C’est un visa, mais un visa contestataire. C’est une observatrice avisée qui a su donner à son couple cet équilibre qui n’appartient qu’aux unions solides et durables !
Que dire encore ? Que Jean Gaspar aime «la» société et partage la vie de celle-ci ! Qu’il a été un des membres les plus actifs de la société de gymnastique qui permettait aux enfants et aux dames de pratiquer ce sport à l’école communale de Theux, aidé en cela par M. Lamelle, père du professeur de gymnastique, Marie-Thérèse Lamelle.
Qu’il fait activement partie des anciens combattants, n’oublie aucun Relais sacré, aucune cérémonie d’hommage….
Qu’il s’est donné sans compter pour le groupe Spixhe Attractions, qu’il collabore aux travaux de construction de la salle, aux services dans le bar, dans la cuisine. Il soutient toute activité dans les écoles (pensez donc, trois filles institutrices ou directrices !) ou les homes.
Qu’il est aussi connu, je l’ai dit, en participant actif dans toute la vie associative du château de Franchimont.
Né au «sommet» du vénérable château (Sassor) et vivant au «pied» de ce dernier (Spixhe), Jean Gaspar ne pouvait qu’aimer celui-ci qui est en quelque sorte un peu «son» château sur lequel il veille avec un particulier attachement…
Et c’est pour lui d’ailleurs qu’il y a quelques années, il s’est remis à manier les ciseaux pour participer à la foire moyenâgeuse, avec un costume d’époque de la tête jusqu’aux pieds.
Les pieds, précisément, il fallait aussi les habiller médiévalement et pour ce faire, on sacrifia une vieille paire de bottes. Aussitôt dit, aussitôt exécuté. On prend les ciseaux, on passe des dires aux actes … Le lendemain matin, quand Henri est venu reprendre sa toute nouvelle paire de bottes, elle avait curieusement réduit de volume …
Il faut enfin que vous sachiez que pour cet homme épris de liberté et de justice, sa famille (épouse, enfants et petits-enfants) représente toute «sa fierté» et est le «piment de sa vie». Car, il faut le savoir, un homme comme lui, il n’en existe pas deux et nous voulons pour terminer vous dire du fond de notre cœur : Tout le monde t’aime bien, Monsieur Gaspar !
Jean Doutrelepont (avec la complicité et l’humour de Dany et Monique).
A l’heure où nous mettons le journal en page, nous apprenons que Madame Gaspar a eu un problème de santé. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement.
Pays de Franchimont n°630, janvier 1999