Il y a plusieurs siècles, une tribu de sottais avait élu domicile dans la région connue aujourd’hui sous le nom de La Calamine. Leur principale occupation était le travail du fer. Malgré leur taille exiguë, ils étaient très coléreux et l’entente n’était pas toujours parfaite entre eux; aussi convinrent-ils de se séparer.
Un groupe quitta la contrée et se dirigea vers Verviers qui, à cette époque, était beaucoup moins important que Theux. Plusieurs de nos voyageurs s’y arrêtèrent et élurent domicile dans une caverne. Les autres continuèrent leur chemin en suivant le cours de la Vesdre et remontèrent la Hoëgne jusque près de Theux. Là, ils tinrent conseil et décidèrent de s’établir à cet endroit. Ils eurent tôt fait de repérer une petite grotte et s’y logèrent. Cette retraite était située près de la rivière, entre Juslenville-Petite et Forges-Thiry. On la désigne encore aujourd’hui sous le nom de « trô d’sottais ». Ce passage s’enfonçait dans la montagne et donnait accès à une vaste salle sise à peu près en dessous du lieu dit « Dardanelles » . C’est là qu’ils s’installèrent définitivement.
Ils prospectèrent dans toutes les directions et découvrirent la richesse du sol en minerai de fer. Comme cette industrie n’avait pas de secret pour ces actifs travailleurs, ils établirent de petites forges dans leur souterrain et commencèrent à s’adonner à leur travail favori.
Pour alimenter leur feu, ils découvrirent en direction de Tancrémont une terre noire qui brûlait très bien et convenait pour leurs travaux. Cette terre, sans aucun doute, était du charbon. Une fissure dans un rocher se trouvant à mi-chemin entre Juslenville et Tancrémont, servait de cheminée à la fumée âcre qui se dégageait de ce combustible. Cette émanation malodorante qui persistait en cet endroit lui valut, disent certaines vieilles personnes bien renseignées, le nom de « poïou-fornai ».
Petit à petit, les habitants de notre contrée entrèrent plus en relation avec eux. Moyennant une minime rétribution en nature, ils obtenaient des outils ou autres objets en fer forgé. Nos petits forgerons dévoilèrent plusieurs de leurs secrets à quelques favorisés qui, forts de leur savoir, s’empressèrent de monter aux forges chez eux. Cela donna naissance à une industrie qui s’étendit dans tout le royaume.
Nos sottais aigris par l’ingratitude de certains habitants qui allèrent jusqu’à vouloir les asphyxier dans leur grotte, sous prétexte de supprimer ces concurrents, désertèrent notre vallée pour des pays plus hospitaliers. D’après la légende, avant de nous quitter, ayant résolu de se venger de ces méchancetés, ils auraient fait sauter de gros rochers à l’entrée de Juslenville-Petite pour barrer le cours de la Hoëgne et ainsi inonder tous les environs ; mais ils n’y réussirent pas.
Descendez le cours de la rivière et vous trouverez encore aujourd’hui de grosses roches émergeant ici et là, souvenir de la vengeance de ces petits disparus. Beaucoup de nos contemporains sont portés à croire que ces sottais n’ont jamais existé que dans l’imagination fertile de nos ancêtres.
Chi lo sa !!!