Alain Thibeau exerce l’un des plus beaux métiers du monde. Il voit défiler dans son commerce environ six cents personnes par jour. Il a, avec chacun, un mot, un geste, une bride de conversation. Les rumeurs passent entre ses oreilles…
Pourtant, sur nombre de sujets, il reste muet comme une tombe. Il a aussi son style pour accueillir. C’est ce qu’on peut appeler un homme limpide et spontané. Il vit et ressent les « choses » au quotidien. Son métier est exigeant. Il faut se lever tôt et fermer tard. Il n’a que peu de répit. Pourtant, son métier, il a su partiellement l’adapter à sa vie de tous les jours. Depuis quelques temps, nous avons pu constater qu’il se faisait aider par Martine Sougné. Cela lui permet de s’adonner à de nouvelles tâches. Nous avions tous remarqué que le magasin avait pris un air de neuf. Il y a plus de livres, le Lotto… Mais à quoi ce changement est-il dû ? Tout simplement, depuis quelques mois, nous allons dire une paire d’années, il est devenu propriétaire non seulement du fonds de commerce, mais aussi de la maison. Il est enfin devenu chef… Avec les bons, mais aussi les moins bons côtés. Avec plus d’indépendance, mais aussi avec le souci de développer son commerce et, donc, très légitimement ses activités.
En plus de dix ans, il a connu aussi les évolutions du commerce. Les habitudes ne sont plus les mêmes. Malgré toutes les campagnes de pub anti-tabac, il a vu la consommation de ses clients augmenter. Dans le même temps, la presse connaissait des sorts divers. Les journaux à scandale tiennent la cote, tandis que les quotidiens chutent lentement, mais sûrement. Il est donc nécessaire de disposer de plusieurs cordes à son arc. Devenir un dépôt 3 Suisses, un lien avec la Quinzaine ou les Échos met un peu de beurre dans les épinards.
Cessons de parler boulot pour dévoiler d’autres facettes de notre ami Alain. Ce Theutois d’adoption, comme la majeure partie des Theutois aujourd’hui, est un Liégeois de souche. Il a vécu entre le jardin botanique, les quais de la dérivation et l’école d’horticulture… cela pour faire bref. Après dix-huit années passées dans le centre-ville, il a entrepris avec succès des études d’architecte paysagiste dans la vénérable ville de Gembloux. Comme quoi, ce magasin est un passage obligé pour des architectes… (cf. G. Keutgens, ancien locataire des lieux). Après quelques années passées dans le secteur, entre autres chez Davenne à Spa. Il se décide en août 1988 à faire un double plongeon. Il quitte Liège, où il vivait avec Isabelle Solheid, et il reprend la librairie Boutet. Alain est un homme sensible et pro-actif. En venant à Theux, il a voulu s’intégrer d’abord par le biais du motoclub, ensuite par celui du tennis. Il serait donc un sportif ! Il a gagné les Boucles de Theux avec Marcel Henrard en 1989. Certes avec une attirance pour les sports moteurs, mais pas uniquement. Il a vécu, après l’explosion qui marque encore notre cité, quasi trois semaines dans la roulotte du Denier scolaire. La température a frôlé les moins 13 degrés. C’est sans doute dans des moments comme ceux-là qu’il a pu mieux vivre les actes de solidarité. Ils furent légion ceux qui lui apportèrent du réconfort par un petit café bien chaud et es mots d’encouragement qui allaient avec. Notre libraire est anxieux. Un homme soucieux de son avenir, mais aussi des autres. Dire qu’il se réjouit de l’aménagement du centre et du plan de circulation qui l’accompagne serait mensonge. Il fait preuve de patience, de bon sens, mais surtout de prudence. N’entrons pas dans le débat ce n’est ni le lieu, ni le propos. Mettons l’accent sur la volonté d’un quadragénaire de faire vivre son commerce en contribuant modestement au développement de sa localité.
Bonne continuation et beaucoup de beaux projets Alain, puisque tu envisages d’agrandir un jour ou l’autre ton commerce.
A.Lodez
Pays de Franchimont 676, Mars 2003