Avoir quinze ans et être, grâce à la musique et à la chanson, l’ambassadrice de l’amitié entre les peuples, ce n’est pas courant. C’est pourtant ce qui est arrivé à Anaïs Hennemont, une jeune Spadoise, élève de 4e Langues à Saint-Roch Theux, qui a séduit jury et public à La Havane en décembre dernier.
Avec un père facteur d’orgues et une mère responsable de l’a.s.b.l. Théâtre et Créativité, on a sans doute des prédispositions, il n’empêche qu’Anaïs travaille énormément les talents dont elle est douée. Etudiant le violon et l’alto à l’Académie de musique de Spa, où elle a comme professeur Marinette Gillard – qui a aussi révélé Sarah Charlier -, Anaïs suit également des cours de chant au Conservatoire de Verviers. Contactée par Michel Van Loo, du Centre dramatique de Wallonie pour l’enfance et la jeunesse, et par Pascal Pochet, un Belge qui est le représentant de La Colmenita, un théâtre d’enfants de Cuba, Anaïs participe au concours « Cantàndole al Sol » organisé à La Havane. Parmi des centaines de candidats, trente-cinq sont sélectionnés; Anaïs est du nombre, à côté de vingt-sept Cubains, les autres venant du Canada, de Haïti, d’Espagne, d’Italie, de Palestine. En finale, devant un public de quatre mille personnes, elle ne récolte pas moins de deux prix : le Prix d’interprétation et le Prix José Marti, en référence à un écrivain et patriote cubain du XIXe siècle. Fidel Castro, qui, devant son petit écran, assiste au concours, écrit aux organisateurs pour dire son plaisir devant la prestation de la jeune Belge, qui est reconnue et fêtée par la population dans les rues.
André Borbé, l’excellent auteur-compositeur-interprète olnois, a écrit pour Anaïs « C’est la musique », la chanson qu’elle a chantée en s’accompagnant au violon, un texte qui ne manque pas de fond et qui rappelle que « Quand les langues se confondent/ II reste un langage unique/ Qui est compris par tout le monde/ … C’est la musique ». Une étudiante colombienne en séjour dans la famille Hennemont, Maria-Clara Valencia, a traduit la chanson pour qu’Anaïs puisse en donner au moins le refrain en espagnol.
La jeune interprète et sa maman ont été très touchées par l’accueil et le contact chaleureux de la population cubaine tout au long de leur séjour. De multiples relations s’y sont nouées qui devraient avoir des prolongements concrets, avec l’Argentine et le Canada notamment, mais aussi entre « La Colmenita » et l’Atelier théâtral pour enfants « Les Mordus », issu des stages du Festival de Spa. De part et d’autre, on monte un spectacle inspiré du « Songe d’une nuit d’été » et les deux troupes pourraient prochainement jouer les deux versions dans les deux pays. Et pour Anaïs, la musique et la chanson continuent : elle va assurer la partie violon dans le prochain CD d’André Borbé, qui vient de lui écrire deux nouvelles chansons, « J’ai du vent dans la tête » et « Lis dans mes yeux », et puis, cet été, elle part en tournée comme altiste avec l’Orchestre national des Jeunes.
Albert MOXHET.
Pays de Franchimont 643 mars 2000