Henri Compère, le roi spixhois de la petite reine !
Qui ne connaît pas Henri ? Ce « jeune homme » de soixante-deux ans, qui, d’un signe de tête ou de main, d’un large sourire, toujours accompagné de son fidèle vélo, a tôt fait de s’attirer la sympathie de ceux qui le rencontrent ou l’apprécient.
C’est qu’il en a grimpé des côtes, parcouru des chemins, par monts et par vaux, à Esneux, à Tilff, en vacances, mais surtout pour se rendre à son travail et en revenir. Des « milliers » de kilomètres, en quarante ans, à pied, en moto (abandonnée suite aux inquiétudes de sa maman) mais principalement, à vélo.
Il est partout, notre Henri.
Né le 26 mai 1936, pas trop amoureux de l’école, il entre en 1952, à quinze ans et demi chez son oncle, boucher à Pepinster, comme apprenti.
Il travaille ensuite à l’abattoir de Verviers avec son papa, chevillard, durant un an et demi avant de travailler chez François à Spa, pendant un an.
Mais sa véritable histoire professionnelle s’ouvrira le lundi 30 novembre 1959. Chez son ami « Jean », avec qui il travaillera dix-sept ans (de 1959 à 1976) et cela, malgré les prédictions un peu hâtives de l’oncle Jacques qui avait prévenu Jean Gaspar, un jour, chez Collette : « Tu n’èl wârdrès mây. I beût. » (écriture phonétique).
Ce fut alors au tour de José Lacroix d’apprécier le savoir-faire de Henri durant dix ans (de 1976 à 1986). Un intérim d’un an chez Dujardin (1986-1987) et cinq ans enfin chez Boisée à Pepinster jusqu’en 1992.
Mais là, bien sûr, ne s’arrête pas la route professionnelle de celui pour qui la côte d’Oneux n’a plus de secrets et qui, s’il ne s’appelle pas Frank ou Eddy, s’appelle quand même « Henri » ! !
Henri est un sportif complet. Il a joué au foot, à Pepinster, depuis l’âge de quatorze ans, en scolaire, avant de passer par toutes les classes d’âge jusqu’à quarante-deux ans (en réserve).
Il a connu la deuxième provinciale et surtout, il s’est fait, dit-il, grâce au foot, beaucoup d’amis, de vrais amis ! Et, puisqu’on parle foot, une petite anecdote : une fois qu’Henri revenait du foot, alors qu’il roulait ou plutôt « tanguait », rue Rittwéger, une voiture s’arrête à sa hauteur et le conducteur lui demanda le chemin de la gendarmerie. « Suivez-moi », répond Henri, « je vais vous y conduire ». Quelle ne fut pas la surprise de notre cycliste de constater qu’à peine arrivé, plutôt que de lui dire merci ou de lui donner une petite « dringuelle », le conducteur fait constater par la maréchaussée que notre « compère » roulait en état d’ivresse.
Il en rit encore aujourd’hui.
Il faut aussi savoir qu’Henri a fait du judo, qu’il était première ceinture marron à Theux et que pour être ceinture noire, il devait se rendre à Bruxelles pour y rencontrer un quatrième dan. Pour la petite histoire, sachez qu’Henri s’est rendu à Bruxelles, qu’il a fait, avec ses parents, deux cent cinquante kilomètres pour être, dira-t-il, « trente secondes sur le tatami ! » Bien sûr, la formation theutoise qu’il avait reçue à l’époque ne l’avait pas, ou peu, préparé à rencontrer de tels adversaires. Quand je vous disais qu’Henri était un sportif complet, un champion « spixhois », à qui devrait revenir le trophée du mérite sportif.
Homme de confiance, il s’occupait aussi parfois des recettes de son patron Jean Gaspar. Henri vit à Theux avec sa maman, âgée aujourd’hui de quatre-vingt-sept ans et que nous saluons bien amicalement. Sachez encore pour terminer que, si vous demandez à Henri pourquoi il n’a jamais manqué son travail et comment il détient sa « super forme », il vous répondra l’air malicieux et les yeux pétillants : « Pas de femme et un bon verre de bière ».
A bon entendeur, salut !
Jean Doutrelepont
Pays de Franchimont n°634 mai 1999