Profondément attaché à son village de Polleur, Jacques Grosdent y vit depuis 1931, date à laquelle sa maman, Robeca Neuville, le mit au monde sous les yeux attendris de son papa, Joseph Grosdent. Il est le plus jeune d’une famille de quatre enfants.
Ebéniste de formation, Jacques a travaillé chez Maiter à Malmedy, ensuite chez Antan-style à Liège. Il travailla pendant neuf ans comme ébéniste indépendant à Polleur et, enfin, il termina sa carrière comme ouvrier communal menuisier à la ville de Verviers. Jacques a épousé Eliane Bagnay et a un fils qui a aujourd’hui trente-cinq ans. Sa passion, l’histoire de Polleur et sa région, son terroir, ses origines et ses habitants.
C’est en 1983 que Jacques Grosdent fait éditer un livre « Retrouvailles imagées » où beaucoup d’images, photos, documents et archives typiquement pollinois, collectionnés avec passion et amour du terroir, se marient avec bonheur à un texte quelque peu parcimonieux. Cet ouvrage, qui fut tiré en sept cents exemplaires, est un survol du village et de sa région de quelques siècles.
Ma curiosité m’incite à venir sonner chez lui et, modestement, il s’étonne de ce que je pourrais bien raconter sur sa personne. Mais, lorsque je lui parle de sa passion, il m’entraîne sans hésiter dans sa caverne d’Ali Baba. Que dis-je ! Un musée ! La visite guidée en vaut la peine. J’y découvre des archives du xvie siècle à nos jours; un acte de justice sur peau de chèvre datant de +/-1580, des documents de justice de 1676, une collection de sceaux de cire depuis le xvie siècle, parmi lesquels celui des princes évêques datant de 1528, un classeur comportant des documents de l’époque de Napoléon, des actes de vente, correspondances, etc…
Je passe en revue les classeurs qui racontent l’histoire locale pendant la guerre 1914-1918 ainsi que pendant la guerre 1940-1945, avec des lettres de Pollinois à leur famille et des faux cachets de résistants.
Un autre classeur qui parle de la paroisse de Polleur et qui contient de la correspondance – avec un prêtre pollinois -datant de 1738 envoyée de St-Germain des prés, des écrits du prince évêque de Liège, des factures étonnantes du presbytère de Polleur au xIxe siècle, des vieilles prières et des mortuaires.
Mon guide me fait découvrir un retable de souvenirs religieux peint au temps de Louis XV ainsi qu’un autre de de Man du xviie siècle. Je passe sans transition de la première carte d’identité de 1919 au classeur qui raconte les travaux du viaduc de l’autoroute enjambant Polleur, depuis les mètres de poutrelles au nombre de boulons, à la liste des électeurs communaux en 1899 de la commune de Polleur en passant par un édit du roi, de 1725, des cartes et des journaux anciens, et même un testament.
Certains documents ont dû être vendus, faute d’argent ! Il n’est pas rare de voir défiler chez notre collectionneur, quelques étudiants en recherche de documentation pour un travail scolaire. C’est sans fin qu’il recherche tout ce qui est la mémoire et l’histoire de Polleur et de sa région. Toutes photos, documents ou manuscrits feraient tellement plaisir à ce passionné pollinois.
Déposez-les chez lui, au n° 91 de la rue René Brodure à Polleur. Il les photocopiera avec grand soin si vous n’aimez pas vous en séparer. Jacques travaille actuellement sur un recueil de documents militaires et civils de 1750 à nos jours sur Polleur et sa région. Il ne compte pas l’éditer (toujours les sous !), mais espère en faire profiter les étudiants ou toute autre personne qui lui en ferait la demande.
Il me donne rendez-vous début de l’année prochaine pour vous le faire découvrir. C’est en me passant la main de son père qu’il a sculptée dans le bois à l’âge de dix-huit ans que Jacques me dit avec nostalgie : « Pourquoi je garde tout ça ?
Lorsque je ne serai plus là, ça n’intéressera personne,… va savoir ? ». Sans prétention, un musée ne serait pas de trop pour mettre en valeur tous ces trésors cachés qui reflètent la passion d’un homme chaleureux et attachant nommé Jacques Grosdent.
Pays de Franchimont 661 novembre 2001