La Reid, joli coin à la porte de nos Ardennes, organise chaque année, au mois de mai, son grand national du géant ; hommes et femmes de grande taille viennent s’y mesurer. En 1978, le dimanche 28 mai, nous en serons à la troisième édition de ce genre de joute bien sympathique qui, d’année en année, remporte de plus en plus de succès.
Cette manifestation entre dans le cadre des festivités de la Jeunesse Reidoise qui anime et organise le folklore de la localité tout au long de l’année pour les jeunes et les moins jeunes.
Le souvenir du géant Jean Bihin, né à La Reid, dont quelques épisodes de la vie vont vous être résumés, a voulu qu’il y soit créé un concours des plus grands du pays.
Jean BIHIN n’est pas un géant d’imagination ; c’est un personnage ayant réellement existé et devenu populaire dans la région par sa taille vraiment exceptionnelle.
Il est né à La Reid le 13 décembre 1805, sous le nom de Jean-Antoine-Joseph BIHIN, fils légitime de Jean-André BIHIN, 27 ans, cultivateur, et de Marie SCHMETZ. Son père était originaire de Creppe, sa mère de Winamplanche.
En 1834, la famille, qui compte 3 enfants, va s’établir au n° 7 de la place Saucy à Verviers. Bihin est alors âgé de 29 ans. Grand et fort (il mesure 2 m 45 et pèse 316 livres), il est favorablement connu à cent lieues à la ronde.
Du point de vue moral, Bihin a un cœur d’or ; il aime rendre service et faire le bien. Malheureusement, il aime les jeux de hasard et gaspille volontiers son argent. Il exerce plusieurs métiers ; tour à tour il est tailleur de pierres, abatteur, bûcheron, maréchal-ferrant. ouvrier brasseur, etc… Un beau trait de son caractère cependant : en aucune façon il n’abuse de sa force.
Cette année-là, Jean s’en va pour Parme où il est cocher pour l’Impératrice Marie-Louise.
En 1836, il revient à Verviers et occupe un emploi d’ouvrier brasseur.
En 1837, il fait une tournée en Allemagne où il est présenté comme le colosse du Nord.
En 1838, Jean est engagé par le prince russe Dimitroff, comme cavalier pour la cour de Russie.
En 1840, il revient en France et s’exhibe à Paris, au cirque olympique, sous le nom de Goliath. Cette , vie de cirque lui plaît.
En 1841, il est la vedette du cirque Fracoli d’Angleterre.
Engagé ensuite par le cirque Barnum, il part Pour l’Amérique. Là-bas, il fait connaissance d’une riche américaine et ne tarde pas à l’épouser. Le mariage a lieu à New-York le 10 janvier 1849. Cette même année, accompagné de son épouse, il rentre en Belgique et s’établit à Limbourg.
De leur union sont nés deux enfants : Séraphin-Joseph et Sarah-Odile. Sa fortune lui permet de mener une vie de grand seigneur, mais très vite il contracte des dettes et doit vendre sa propriété pour répondre aux exigences de ses créanciers.
Les comptes terminés, la famille Bihin prend le chemin de la Suisse.
En 1853, nous les retrouvons à Paris où Jean fait partie du personnel de la ménagerie Huguet de Marillac, en qualité de dompteur de fauves.
Reprenant sa vie de nomade, il s’exhibe un peu partout et se produit avec succès au Théâtre Bovery, en Angleterre, au cours de l’année 1857.
En 1859, il gagne le Canada, puis les Etats-Unis où il s’occupe avec son frère de commerce de chevaux.
En 1861, on reparle de Bihin à Philadelphie. Les derniers échos de la vie de cet enfant de La Reid, Verviétois d’adoption, datent de 1892; il était alors âgé de 87 ans.
Pays de Franchimont 5 mai