Le mot de votre chronique wallon
J’ai la chance de garder une bonne mémoire qui me ramène aux premiers moments de ma vie et qui me permet ainsi de me souvenir de tout ce qui m’a été rapporté par les vieilles personnes que j’ai connues qui avaient devant elles un gamin qui les écoutait avec une attention rare et qui fixait leurs anecdotes en sa mémoire.
J’aime le wallon comme un fils aime sa mère et , le Syndicat d’Initiative de Theux me garde chaque mois une page dans son journal, Le Pays de Franchimont. Après tout, un syndicat d’initiative n’est-il pas là pour faire connaître et mettre en valeur les patrimoines de nos villages. Mes petites rubriques racontées à notre soirée wallonne de La Reid ont l’air d’intéresser les lecteurs, c’est pour cela que les publications seront éditées chaque mois.
Raconter mes mémoires, quel beau passe-temps; parler, penser, écrire dans notre vieux langage, quel bonheur et quelle joie. Je dois dire que mes proches m’on beaucoup aidé dans mes écrits et mes souvenirs. Ils m’ont ouvert la voie pour me remémorer et redécouvrir le temps passé. Je remercie mon père qui aurait tant voulu de son vivant me voir écrire le wallon, lui qui était comme moi un « homme des bois », fort proche de notre vieux Franchimont et de notre beau patrimoine. Je remercie aussi mon oncle Joseph, qui m’a ouvert le cœur avec toutes ses anecdotes et ses connaissances sur l’histoire, la nature et les sciences qu’il m’a laissées. Je remercie aussi chaleureusement le « maître » de notre « sîze walone », Jean Delvaux, qui m’a appris à écrire le wallon en essayant de ne pas trop en massacrer l’orthographe. Nous avons été fort marqués par la guerre et je dois dire que cette période a été bénéfique pour moi et qu’elle m’a ouvert beaucoup les yeux; à six ans j’étais devenu un adulte en quelques semaines. J’ai toujours un tempérament respectueux des aînés qui me guident sans cesse dans la découverte du passé et qui m’aident encore dans la rédaction de mes histoires qui, je l’espère, font la joie des lecteurs. Raconter ma vie, ce n’est pas mon but.
Pourtant, si je garde pour moi ces belles histoires et si je ne les écris pas, je les emporterai avec moi; ce serait dommage, me semble-t-il. Et bien voilà, mes gens, je vous souhaite autant de plaisir en lisant mes « rapwètroûles » que j’en éprouve en les écrivant. Je présente aux membres du S.I. ainsi qu’aux lecteurs, un Joyeux Noël et une bonne année.
Avec tout mon cœur,
Jean-Marie Remacle, La Reid,
le 2 décembre 2004
Pays de Franchimont 696 janvier 2005