Joseph Gérard

Qui connaît Joseph GERARD ?

Sans aucun doute, Georges Schmits, qui nous fait découvrir « le roman véridique d’un ouvrier de carrière, qui devint sculpteur puis artiste peintre et porta jusqu’à Paris le renom des Verviétois… ». L’ouvrage est intitulé : .J. A. GERARD, INTIMISTE VERVIETOIS, éditions La Dérive.

Tout amateur d’art (wallon) connaît plus ou moins Gérard depuis que des expositions ont été consacrées aux Intimistes Verviétois dans notre province, pendant les vingt dernières années.

Elles nous ont rappelé qu’il était né à Dison en 1873 et que son atelier était installé à Polleur quand il mourut en 1946.

Gérard nous est donc contemporain, car que représentent cinquante Joseph Gérard dans son atelier. Dans le courant de l’histoire de l’art, les bouleversements artistiques importants de l’époque ont cependant peu influencé sa manière de voir et de travailler. Pour nous décrire son œuvre sculptée, Georges Schmits nous fait voir des monuments aux morts (1914-1918), des œuvres religieuses et profanes exposées tout près de chez nous, à Dison, Verviers, Dolhain, Polleur …

En ce qui concerne l’œuvre peinte, nous apprenons que ses toiles enrichissent, entre autres, les collections royales à Bruxelles, le musée d’Art Wallon à Liège et de nombreuses collections privées.

Georges Schmits a consacré plusieurs années à la redécouverte de l’œuvre et, parallèlement, à la recherche d’archives, de photos, de témoignages la concernant.

La récolte est riche et diversifiée. Schmits est content ! Il va pouvoir ordonner, classer, photographier et mettre chaque chose à sa place pour que naisse le beau livre (350pages) que nous apprécions aujourd’hui.

Un des intérêts majeurs de l’ouvrage est qu’il nous restitue une époque dans laquelle on peut suivre les artistes, les expositions auxquelles ils participent, les critiques de presse, la naissance de sociétés d’arts, les rappels douloureux de la guerre, etc, etc. En même temps, nous reviennent constamment des noms de gens et de lieux qui nous sont familiers et que nous aimons, gens et lieux proches de Joseph Gérard qui reste naturellement au centre du livre.

Et tout à coup, on se prend à rêver aux soucis de nos hommes politiques, obligés qu’ils sont d’aller à la recherche de notre identité ! Quelle tristesse ! Elle est là, notre identité ! ! ! Bien ancrée dans l’œuvre de ces artistes, bien installée dans le décor de nos paysages urbains et fagnards, bien protégée dans l’ambiance intime de nos belles maisons.

Ainsi, Georges Schmits nous entraîne au cœur de notre histoire. Il écrit bien, Schmits, on le suit aisément.

Il n’est jamais pédant ni prétentieux, encore moins hermétique. Son écriture est claire et généreuse. Claire, parce qu’il connaît sa matière; c’est un érudit. Généreuse parce qu’il est généreux de nature et, de surcroît, passionné d’art.

Sa longue expérience d’homme de plume et d’homme de terrain lui a façonné « un œil » qui voit bien et confère à ses analyses le ton juste de la vérité. La dose de lyrisme nécessaire au plaisir de lire est bien présente dans le livre mais elle s’efface quand il le faut pour faire place à la rigueur imposée par le sérieux de la recherche.

Voilà un ouvrage qui constitue assurément un bel hommage à l’œuvre de Joseph Gérard et, en même temps, une reconnaissance de la qualité de notre patrimoine artistique wallon.

N.B. A l’heure où je termine ce papier, un autre livre de Georges Schmits vient de sortir de presse, toujours aux éditions « La Dérive ». Il traite de l’ensemble des Intimistes Verviétois.

André Wilkin

Parmi les œuvres de Joseph Gérard

Sculpteur puis aussi peintre, Joseph Gérard (1873-1946), installé à Polleur depuis 1923, a laissé des traces de son talent que nous fréquentons quotidiennement sans le savoir. Il participa aux chantiers du Cinquantenaire et du Palais royal de Bruxelles, ainsi qu’à la restauration du château de Laeken.

Il travailla aussi en divers coins du pays, mais la région verviétoise regorge de monuments et ensembles décoratifs dont il est l’auteur. Les monuments aux morts du cimetière de Verviers, mais aussi ceux de Dison (place Roggeman), de Petit-Rechain, de Stembert et de Polleur se distinguent de l’ensemble des clichés facilement patriotiques qui firent florès sur tant de places communales au lendemain de la Grande Guerre.

Parmi ses œuvres religieuses, on peut recenser de nombreux crucifix, Christ et Pieta – on les verra notamment à la clinique Sainte-Elisabeth (Heusy), à Dolhain, à Charneux-Herve, à Aubel – mais aussi Sainte-Barbe (Elsenborn, fort de Tancrémont) ou Saint-Christophe (Elsenborn). Les œuvres profanes comptent des portraits, des bas-reliefs pour la salle du Peigné (actuel Univa, place du Marché à « Les Otages », un paysage caractéristique de la manière de Joseph Gérard et aussi l’un de ses derniers tableaux, puisque daté de 1946.

Verviers), les bains communaux de Verviers et de Dison, mais surtout la décoration intérieure de la gare de Verviers-Central : sculptures, frise et la célèbre et satirique allégorie du lièvre et la tortue. La peinture, chez Joseph Gérard, s’attache essentiellement au paysage, avec une très grande sensibilité transmettant une profonde émotion, particulièrement dans les tableaux relatant l’histoire de la Nativité dans le contexte de la guerre en nos paysages de Haute-Ardenne.

Il est caractéristique que beaucoup croient reconnaître tel ou tel endroit des environs de Polleur, par exemple, alors que le peintre, s’inspirant bien sûr de nos vallées, élaborait ses compositions à l’aide de découpages mobiles qui lui permettaient d’en obtenir la meilleure harmonie. Mais il est vrai que c’est avec les yeux du cœur qu’on voit le mieux la réalité des choses …

A.M.

Pays de Franchimont n°621, mars 1998

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