Le rempart du diable

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Ce ne sont que des ruines, mais combien imposantes encore; que de gloires et de mystères elles évoquent pour les Franchimontois; combien de récits glorieux et de légendes troublantes , dont nos ancêtres étaient si friands, parvenus jusqu’à nous. L’histoire du rempart du Diable, très ancienne, demeure certainement encore dans la mémoire de quelques Theutois.

Voici donc la légende du rempart du Diable.

A la suite d’un siège d’une assez longue durée, un rempart du château était tout démantelé et le déclenchement d’un nouvel assaut était imminent.

Voyant la situation très grave, le maître des céans se vouait à tous les diables; comment résister plus longtemps à ces attaques répétées?

Soudain, Satan se présenta devant lui, assura que moyennant certaines conditions, il se chargeait de réparer le mur cette nuit. Le châtelain devait signer un pacte par lequel il acceptait de lui vouer le plus jeune de ses trois enfants, âgé de 10 ans. Affolé, sans plus réfléchir, le malheureux accepta, signa le parchemin et Lucifer disparut immédiatement, emportant le papier maudit.

La nuit suivante, un des habitants du château et du voisinage ne put fermer l’oeil; une nuée de démons travaillèrent sans relâche à la reconstruction du mur détruit.

Le matin, au premier chant du coq, le bruit cessa, les ouvriers disparurent, et le rempart se dressa plus solide que jamais. Le sire de Franchimont, qui comprenait à présent la portée terrible de ce pacte, se demandait anxieusement comment il pourrait soustraire à son engagement et ne trouvait aucun moyen d’annuler sa promesse.

Ayant avoué sa faute à sa dame, la châtelaine lui conseilla de rendre visite à un vieil ermite vivant près de Sassor, et de lui expliquer son cas. Cet homme de grande expérience pouvait, seul, le tirer de sa malheureuse situation.

En effet, le saint homme le réconforta et lui dit ce qu’il pourrait tenter pour déjouer l’esprit du Diable. Le lendemain matin, l’ennemi commença les préparatifs du combat.

C’est alors que notre démon se présenta au Seigneur du lieu pour réclamer le prix de son travail. Le Châtelain, suivant les conseils du vieil ermite, le conduisit sur le rempart, discuta de sa solidité, en critiqua l’épaisseur, et lui fit remarquer le mauvais état d’un machinement; enfin, après grande discussion, et pour se rendre compte de l’état de celui-ci, le Diable se courba, passa la tête dans l’ouverture et… au même instant, l’écuyer qui accompagnait son maître, fit basculer une grosse dalle et, instantanément, la tête de notre malin fut coincée à l’intérieur du petit balcon.

Maître de la situation, le Franchimontois posa, lui aussi, ses conditions au démon: déchirer le pacte et le rempart devait rester intact. Notre vieux diable, relâché, s’enfuit, la rage au cœur, jurant de se venger et tint parole.

Le Seigneur de Franchimont avait oublié les menaces de Satan, mais lui ne désarmait pas. Plusieurs années se passèrent; or, il arriva qu’un jour le fils du châtelain, justement celui voué au Diable, par l’imprudence de son père, se promenait sur le rempart dit du Diable.
Tout à coup, on entendit un ricanement et soudain, le jeune homme pris de vertige s’effondra dans le vide et fut relevé, mort, de sa terrible chute.

Quelques années après, le même accident se reproduisit dans des circonstances identiques pour la fille aînée. Depuis ce dernier malheur, les maîtres de Franchimont s’abstinrent toujours de s’approcher de ce mur maudit.

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Le rempart du Diable résista des années à tous les assauts; c’est seulement vers 1387 que par la suite de l’usage des « bouches à feu », le seigneur de l’époque, obligé de transformer complètement les défenses du château, songea à démolir le rempart maudit qui fut remplacé par celui dont nous voyons encore actuellement les vestiges.

Tous ces récits passent et s’oublient, les générations se succèdent, mais notre vieux château de Franchimont dressera, des années encore, ses ruines majestueuses au-dessus du pays que, toujours, il a défendu courageusement contre les convoitises de l’extérieur.

Source Pays de Franchimont L.D.H

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