Comme vous le savez, voici quelques mois que Michel Vilvorder a pris sa retraite! Quoi de plus normal que de vous transcrire quelques-unes de ses impressions, quelques-unes de ses aventures dans cette belle fonction de secrétaire communal. Quoi de plus normal que de parler de quelqu’un qui a, durant trente-quatre ans, exercé le rôle de premier fonctionnaire de la commune, garant de l’application des lois. Durant toutes ces années, il a connu quatre bourgmestres, plus d’une vingtaine d’échevines et d’échevins et, sans doute, plus d’une centaine de conseillers.
Issu d’une famille liée à l’industrie juslenvilloise, ayant fait son école primaire à Juslenville et son secondaire à St-Michel, il débuta sa carrière administrative comme commis le 23 septembre 61. Avec la volonté de gravir les échelons, il décida tout de suite de suivre les cours de sciences administratives, pour partie à Liège et pour partie à Verviers. Son diplôme en poche, il ne dut attendre que quelques années pour devenir rédacteur. A cette époque, il subissait de temps à autre les colères sporadiques et éphémères de Franz Mosbeu (secrétaire communal de l’époque). En ces temps-là, ils étaient quatre employés à l’administration. Le bourgmestre du moment, Martin Boutet, s’occupait du côté convivial de la fonction administrative. Effectivement, M. Vilvorder nous raconte que, quelques fois par mois, le député Boutet, revenant, pas trop tard, de la chambre, proposait à ses employés de le suivre dans le café Lebrun (en face de la poste actuelle). Là, ils s’adonnaient au billard. La légende dit que la technique de comptage du maire lui donnait toujours l’avantage. Pas de problème pour M. Vilvorder, le plus important, c’était de jouer… Revenons un moment aux colères et « réprimandes » de F. Mosbeu. Cette exigence cachait le souhait de celui-ci de voir M. Vilvorder lui succéder. Nous sommes au milieu des années 60 et, sur les hauteurs de La Reid-art398], Jean Gillet lorgne sur lui. Il propose en 1966 à Michel Vilvorder de prendre la fonction de secrétaire communal. Le 1er janvier 1967, c’est chose faite ! Et, comme un bonheur ne vient jamais seul, quelques temps plus tard, il est appelé à Stoumont. Il va cumuler les deux fonctions durant près de deux ans. C’est une période très intense. Pour exercer ses fonctions, il a dû s’installer sur la commune de La Reid. Il trouve un petit chalet à [Jehoster et quitte sa maison familiale de la rue Rittwéger (actuellement occupée par le docteur Sacré). Il a un petit garçon… Ses journées sont bien remplies. Jusqu’à 15h, il travaille à La Reid et, après, il file vers Stoumont. Comme de coutume, les périodes intenses de la vie d’un homme sont aussi souvent les plus belles. Il découvre dans la vallée de l’Amblève, une administration communale en plein déménagement. On le charge de remeubler le nouvel hôtel de ville et d’organiser les services. Il ne peut compter que sur lui-même, car cette commune de moins de cinq cents habitants a, comme seul employé, M. Vilvorder. Il travaille avec le bourgmestre qui l’a le plus marqué. Celui-ci est à la fois propriétaire des 2/3 de la commune, châtelain (château de Froidcour) et, tout naturellement, bourgmestre. Cet homme de la terre est aussi un industriel (bière d’Orval) et un banquier (administrateur de la BBL). Notre ancien secrétaire communal déclare que c’est là qu’il a véritablement appris son métier. Le temps passe et la réalité le ramène exclusivement à La Reid. Il est alors au travail avec le sénateur Jean Gillet. Voilà aussi un autre homme de la terre qui dégage naturellement un charme exceptionnel. Doué pour les contacts, ne reculant pas, Michel Vilvorder va vivre, avec son troisième bourgmestre, sans doute les plus belles heures de son mandat de secrétaire communal. De La Reid à Theux-rub69], il va accompagner Jean Gillet dans bon nombre de ses démarches. Une lui revient à l’esprit. Au moment de l’ouverture du [parc à gibier, quelques oppositions se manifestent. Craignant pour le projet, les deux hommes demandent une audience auprès du Prince Albert (à l’époque sénateur et président d’une association de défense de la nature). Les voilà dans le bureau de notre futur roi. Après l’exposé de la situation, vient le temps de l’apéritif et de la détente. Le prince propose une « collation » et demande si quelqu’un fume. Prenant la balle au bon, Jean Gillet insiste pour que Michel Vilvorder se roule une cigarette. L’histoire ne dit pas si le prince a eu droit à une faite main. Sa carrière, il la terminera sous le règne de Maurice Corne. Voilà une très longue page tournée pour ce grand commis de notre commune. Le temps retiendra de lui qu’il faisait souvent preuve de compréhension. Avec calme et respect, il obtenait de son personnel une qualité de travail.
Sa prestance naturelle lui a conféré une reconnaissance de ses pairs. Depuis de longues années, il est le président de l’association des secrétaires communaux. Il n’est pas encore tout à fait retiré de la vie publique puisqu’il occupera jusqu’à ses soixante-sept ans la fonction de directeur-gérant du Foyer theutois. A soixante-cinq ans, il a visiblement une bonne santé qui augure de nombreux projets, sources de vie et de prospérité. Mais, en attendant la pension de sa moitié, il s’occupe de l’éducation de sa nouvelle chienne de trois mois et de son très grand jardin. Il s’est remis à l’anglais, sans doute pour préparer quelques longs voyages. Et, plus étonnant, il a sorti son chevalet. Je vous laisse apprécier une toile du « maître ». Comme quoi, chacun a un jardin secret et le plus apparent est parfois bien loin du plus réel ! Monsieur le secrétaire, nous vous souhaitons une retraite bien méritée et de nombreux projets.
Alexandre Lodez.
Pays de Franchimont 658 novembre 2001