Madame de GENLIS à Theux
Stéphanie Félicité Ducrest de Saint-Aubin naquit près d’Autun, en Bourgogne, le 25 février 1746.
Mariée à l’âge de dix-huit ans, au comte Bruslart de Genlis, dévorée d’ambition, elle se disposa à donner libre cours à ses rêves de gloire et, avec cette ténacité qu’un mari eut pu qualifier d’entêtement, et qu’elle appelait du caractère, elle se lança hardiment dans la vie.
Elle entra au Palais Royal en juin 1773 et elle fut bientôt chargée de l’éducation des quatre enfants du duc d’Orléans, le futur Philippe-Egalité : le duc de Chartres, Louis Philippe, le duc de Montpensier, Antoine Philippe, le comte de Beaujolais, Alphonse Liedgard et la princesse Louise Marie Adélaïde Eugénie.
Elle fit un premier séjour à Spa, en 1775. Le deuxième eut lieu en 1737, avec le duc et la duchesse d’Orléans et leurs quatre enfants.
Elle se rendit un jour avec ses élèves, à Theux, où ils rencontrèrent le chameau qui servait à la duchesse pour faire ses promenades dans les parties accidentées de la région de Spa.
Le dromadaire, richement caparaçonné, couvert de sonnailles et conduit par un chamelier revêtu d’un costume pittoresque, excita vivement la curiosité des habitants de la petite villa.
Les cinq promeneurs furent reçus par le célèbre docteur Jean Philipe de Limbourg, qui leur fit les honneurs de sa belle maison patricienne, ainsi que de son superbe jardin à la française, orné de parterres fleuris, de boulingrins, d’une allée de charmilles et d’un coquet pavillon Louis XV, décoré de statues mythologiques.
Les Bobelins se rendirent ensuite au château de Franchimont. On leur avait dit qu’il renfermait plusieurs prisonniers pour dettes.
Le duc de Chartres, qui avait quatorze ans, résolut de les délivrer. Avec l’autorisation et même l’encouragement de sa préceptrice, il organisa une souscription, qui fut bientôt remplie, et dont le produit permit la libération des malheureux.
On disait à Spa, que la campagne environnant le donjon, avait un aspect riant. Elle ne possédait pas ce caractère, aux yeux du petit prince, parce que l’idée que de pauvres diables gémissaient dans les geôles, lui était insupportable.
Quand il sut que les cachots étaient vides, il tourna la tête vers la belle vallée boisée et s’écria avec une touchante expression : « A présent, je conviens que cette vue est, en effet, aussi riante qu’elle est admirable ».
La comtesse de Genlis mourut en 1830.
Elle avait publié plus de quatre-vingts ouvrages (romans, pièces de théâtre, manuels d’éducation, mémoires, pamphlets, etc.), dont aucun n’a mérité de lui survivre.
Les d’Orléans à Spa, par Albin Body
Pays de Franchimont n°2, février 1947