Quelques qualificatifs pourraient nous aider à cerner le personnage : modeste, serviable, discret, mais meneur d’hommes et rassembleur… Cet homme de soixante-sept ans vit dans notre commune depuis sa naissance. Bercé et élevé au rythme des trains qui passaient le long de sa maison, il en a vu passer du monde. En effet, jusqu’à l’âge de vingt-six ans, il vécut sagement dans l’habitation du signaleur de la gare de Theux où travaillait son père avant que sa mère ne reprenne le flambeau. Celui qu’on allait appeler Caribou lorsqu’il deviendrait scout est une force de la nature. Dans sa jeunesse, il ne fut pas des plus intéressés par l’école. Il fréquenta ce qu’on appelait à l’époque le quatrième degré et puis, quelque temps, une école technique à Verviers. Mais, très vite, d’autres chemins allaient s’ouvrir à lui. Ce qu’on sait peu, c’est qu’il fut facteur environ deux ans, d’abord à Louveigné, ensuite à Theux. Il orienta sa carrière vers le secteur des machines textiles. C’est ainsi qu’il entra, comme de nombreux Theutois, chez Houget. Mais, quelque temps après, il voulut tenter l’aventure. Avec un ami, ils s’embarquèrent pour le Canada. Son compagnon de voyage, marié, revient à son port d’attache après trois mois. Tony, lui, décida de prolonger l’aventure durant environ une année et demie. Autant vous dire qu’il ne resta pas sans rien faire. Il fallait manger et quelques petits boulots sont venus étoffer sa panoplie. Il fut, tour à tour, tourneur pour un sous-traitant de Air Canada, vendeur de bibles et récolteur saisonnier de tabac. Voilà sans doute l’occasion qui lui fit prendre goût à la pipe qu’il arbore encore assez souvent. Mais, il exerça aussi une passion qu’il avait déjà en Belgique et qui le suivra encore de nombreuses années : le scoutisme. Durant son séjour, il fut assistant de meute. Par la suite, pour rester sur le thème, il faut savoir qu’il fut tour à tour scout, chef de troupe, Akéla et chef d’unité. Toutes ces fonctions, et cela est très rare, il les a exercées avec conviction et talent. Vous aurez compris que l’année du cinquantième de l’unité scoute de Theux, nous ne pouvions passer sous silence ce pionnier de la première heure. Malgré une intégration rapide au Canada, notre ami a toutefois décidé de revenir à Theux. L’explication est fort simple : pour causes d’événements familiaux, sa maman le rappela au bercail. Alors, il se remit à travailler quelques temps chez Houget, un peu à la platinerie Gilles pour revenir, jusqu’à la fin de sa carrière, chez Houget. Il y a d’ailleurs effectué deux métiers, l’un comme tourneur, l’autre comme fondeur. Mais, l’homme a aussi décidé de fonder une famille et c’est ainsi qu’au détour d’une salle de judo, il a rencontré celle qui allait devenir son épouse. De leur union, sont nés trois beaux enfants (deux filles et un garçon). Des noms comme Joseph, Pierre, José, Victor,…résonnent chez lui comme autant d’attaches à l’une de ses valeurs importantes l’amitié. Chez lui, c’est un engagement, une passion, une envie, un service,… que d’entretenir des amitiés. Il y a toujours une tasse de café, un pèket, un litre de vin, un spaghetti, des noix,… pour dire à son invité : « Tu es le bienvenu, reviens quand tu veux ». Son charisme fait que, naturellement, on lui parle, on lui confie ses secrets. On le retrouve souvent au cœur de la vie d’un groupe, d’un village, d’une troupe,… Il n’y a pas de secret, ce sont ses convictions, son engagement, sa serviabilité qui l’ont encore amené voici plus de dix ans à construire un jeu de boules qui rassemble nombre de gens, amis d’un jour ou de toujours. On y rit, on s’engueule,… mais on revient avec la même envie de se retrouver, avec, à tout moment, la présence de Tony. Voilà, nous en savons un peu plus sur cet homme discret du village de [Sassor
->art420]. Si vous passez par là en badaud, en curieux,… un petit bonjour lui fera plaisir. Et, si vraiment vous avez envie d’être sympa, ralentissez, cela peut toujours servir ! Longue vie à Tony et bonne route.
Alexandre Lodez
Pays de Franchimont 672 novembre 2002