Anne Gérard

Anne Gérard, de La Reid

Impliquée de longue date dans la vie socioculturelle theutoise, Anne Gérard, née à Malmedy en 1946, est originaire d’un coin de territoire proche de Gouvy, à cheval sur le Grand-Duché, l’Allemagne, la Belgique germanophone et wallonne. Ce fut le centre du monde durant toute son enfance. « Tout m’était rêve », dit-elle, « il me suffisait d’avoir le moyen d’aménager les choses pour les transformer en rêve ». Aujourd’hui encore, elle souhaite que quelque chose puisse être fait pour conserver les mots des dialectes de cette région-carrrefour où chaque village avait son parler aux nuances particulières. Après son école primaire à classe unique au village, elle entre à l’internat à Bastogne où, dans un contexte qu’on a peine à imaginer aujourd’hui, elle va apprendre à s’exprimer sans fautes et s’initier aux arts. Grâce à son professeur de français, Jean Fronville, elle découvre les richesses de la littérature. Ille s’oriente vers les langues germaniques et son bagage linguistique ne va pas tarder à être mis à contribution dès qu’elle aborde la vie professionnelle. En effet, chargé de l’accueil dans un cabinet médical spécialisé, à Malmedy, elle y reçoit les patients et converse avec eux dans leur langue véhiculaire, ce qui est pour eux un élément psychologique très apprécié. Résidant à Malmedy, Anne a la possibilité de suivre des cours de diction et d’art dramatique au conservatoire de Verviers. Epouse de Rafaël Beaupain, elle secondera son mari dans la gestion du Belvédère, à Theux, où les contacts avec les pensionnaires permettent d’organiser de nombreuses activités placées sous le signe de la culture et de l’amitié. Maurice Corne l’associe à de nombreuses initiatives littéraires prisées; elle s’implique dans des séances consacrées, par exemple, à victor Hugo, à Federico Garcia Lorca ou à Arthur Haulot, dans les concerts organisés pour la Société Saint-Vincent-de-Paul. Elle sera aussi recrutée par le Théatre de la Place, à Liège, pour lequel elle réalisa de très nombreuses animations dans les écoles. On ignore souvent qu’avec André Detiffe, elle fut à l’origine du Théâtre du souffle, dont la qualité des spectacles est bien connue dans notre région. A la suite d’un stage d’art dramatique durant le Festival du Théâtre National à Spa, elle est repérée par Jacques Huisman et Jean-Claude Drouot et engagée dans cette prestigieuse maison, alors au faîte de sa renommée. Bien que s’y plaisant énormément, elle quittera la trouve à la naissance de sa fille Marie-Agnès, aujourd’hui ingénieur du son à la RTBF. Mais à la demande de Marcel Ramonfosse, Anne donnera des cours d’arts de la parole à l’Académie Pascal Taskin. D’autre part, elle travaille la céramique et, maniant la plume avec élégance et l’imagination avec subtilité, elle collabore activement à L’Atelier de Création du Festival du Conte et de la Légende de Stavelot, avec lequel elle est venue jouer Tresses, stress et strass à L’Autre Rive en 2003 et assurer un indispensable travail en coulisses pour Les Noces de Flammes, le mois dernier à la salle communale de La Reid. C’ets à La Reid que Rafaël et Anne s’étaient installés après avoir quitté le Belvédère. C’est là que Rafaël avait monté un atelier artisanal d’imprimerie, aussi apprécié qu’il l’était lui-même pour ses qualités humaines et sa sagesse. C’est là qu’il est mort au mois de mai, au terme d’une périod de grandes souffrances supportées avec courage; il rejoignait ainsi leur fille aînée, Véronique décédée accidentellement à l’âge de neuf ans. Surmontant ses épreuves grâce à son dynamisme et à son sens du contact humain, Anne Gérard s’investit aujourd’hui dans des projets culturels et théâtraux, en particulier dans la mise en scène d’un double spectacle que proposera prochainement le cercle littéraire spadois L’Oxymore, mais aussi d’une comédie musicale montée par les élèves de l’Ecole libre et dans le Gospel présenté en février prochain en l’église de Theux.

Albert Moxhet

Pays de Franchimont 694 novembre 2004

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