Auguste Bodart

Oyez, oyez, bonnes gens du Marquisat de Franchimont l’auteur du « Jeu » a rendu son âme à Dieu. Le chantre, le héraut de la Cité n’est plus.

En 1926, venant du Collège Saint-Quirin à Huy, Monsieur Bodart assumait la direction de l’école libre de Theux.
Animateur né, le nouvel élu franchimontois faisait resurgir de leur léthargie les œuvres paroissiales. Et bientôt les sections dramatiques, bibliothèque et autres connaissaient, sous sa dynamique impulsion, un brillant essor.
Malgré ses occupations familiales et professionnelles, Monsieur Bodart, conjuguant ses qualités de chef de famille, de chrétien, d’homme de sciences et d’artiste, donne la pleine mesure de ses talents au bénéfice de tous.
Dès 1936, c’est une nouvelle facette de cette attachante personnalité qui se révèle au grand public : au service du Syndicat d’Initiative, ce remarquable homme de lettres apportera son précieux concours : c’est la préface et la prose du Guide des promenades touristiques de Theux, la publication d’articles aussi variés qu’éclectiques sous la plume de « Spectator », promu rédacteur en chef du journal « Le Pays de Franchimont ».
Le pittoresque, la verve caustique parfois, l’originalité, la poésie enlumineront tantôt la rubrique du « Flâneur » tantôt cet attachant poème : « Elle avait nom Astrid » et combien d’autres revues.
Son chef-d’œuvre, écrit à « la gloire de la Cité » comme il le définissait lui-même, restera « le Jeu de Franchimont ».
Il avait légué à ses anciens élèves le goût de la poésie, de la littérature, de la Culture, mais il révéla davantage à tout un peuple : à savoir, l’inestimable message du réveil de « l’Ame Wallonne ».
A jamais, vivra cette émotion indiscible étreignant les cœurs des interprètes aussi bien que des milliers de spectateurs venus de tous les coins du pays, communiant tous en « Son » admirable fresque. Cette inoubliable et ultime leçon du passé de « cette terre de chez nous », vous nous l’aviez magistralement écrite en lettres d’or et de feu et réalisé dans cette scène poignante et sublime des « Pèlerins », l’incarnation douloureuse des héros de la grande épopée.
Vous avez, Monsieur Bodart, honoré et chanté avec foi et amour cette terre franchimontoise.
Puissent Dieu et nos preux chevaliers vous recevoir en une divine Apothéose, avec « joie et reconnaissance ».
Nous vous disons, le cœur serré, tout simplement : MERCI.
Le Pays de Franchimont est en deuil !
En effet, le 23 mars dernier, Monsieur Auguste Bodart s’éteignait. Longtemps, il fut un animateur éclairé de notre journal. Aussi est-ce avec une grande tristesse et une immense gratitude que la Rédaction et le S.I. tout entier présentent à Madame Bodart et à ses enfants leurs condoléances les plus émues.

Louis Fraikin.

Pays de Franchimont 4 avril 1974

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