La Maison Lebrun

Notre patrimoine architectural

LA MAISON LEBRUN

Durant une bonne partie du 20ème siècle, les Theutois ont appelé le bâtiment portant le n°4 de la place du Perron, la maison LEBRUN, du nom d’un peintre renommé qui l’a habitée au début du siècle.

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Nous nous trouvons, ici, devant deux demeures d’importance différente, réunies en un ensemble harmonieux d’architecture renaissance mosane, malheureusement abîmé par de sérieuses modifications apportées au 19ème siècle à la maison de droite. On y remarque les caractéristiques habituelles de ce style : fenêtres à meneaux, haut soubassement en pierres de taille[[Ces pierres ont été fournies par un maître-tailleur de pierres de Juslenville, nommé Léonard Hardy]], les cordons horizontaux également en pierres calcaires, les petites baies carrées sous une corniche ornée de corbeaux en forme de glands et enfin une haute toiture avec petites lucarnes.

Cet immeuble millésimé 1630 par les fers d’ancrage placés sur le cordon horizontal surmontant les fenêtres de l’étage, a été construit sur l’emplacement de deux petites fermes par une sommité de l’époque, Nicolas de Limbourg[Voir biographie dans le Pays de Franchimont de janvier 1990.]], maître-chirurgien et gros propriétaire terrien. Il le destinait à son fils Nicolas, un médecin qui ne l’occupa jamais, préférant son manoir-ferme de Jevoumont. L’aménagement intérieur fut réalisé par les de Presseux qui l’avait reçu en héritage. C’est dans cette demeure que, en 1703, le célèbre général de Malborough[[Général anglais popularisé par la chanson « Malbrouck s’en va-t-en guerre… »]] s’en vint un jour, dîner, invité par les autorités communales afin de s’attirer ses bonnes grâces alors que ses troupes traversaient [Theux pour aller mettre le siège devant la forteresse de Limbourg.

Fin du 18ème siècle, elle appartient à l’avocat Jean-Nicolas de Presseux qui loue la partie droite à son cousin Robert de Limbourg, frère de Jean-Philippe, médecin lui aussi mais surtout connu par ses recherches qui lui valurent le nom de père de la géologie belge.
En 1815, y habitaient la veuve et la fille du docteur Deschamps, elles vont malencontreusement transformer les quatre fenêtres à meneaux à droite de la porte en une seule baie pour y placer une vitrine pour un commerce de mercerie. Fin du 19ème siècle, c’est un restaurant intitulé « Café de l’union » et tenu par Joseph Lebeau.
Début du 20ème siècle, elle est occupée, puis achetée par un peintre verviétois, Georges Lebrun, renommé pour ses paysages intimistes de la Fagne, du Pays de Herve et aussi de notre contrée. Sa carrière sera brutalement interrompue par la première guerre mondiale. Volontaire dès août 1914, il disparaît quelque part sur les bords de l’Yser le 28 octobre 1914.

La maison sera revendue par sa veuve en 1918 et finalement en 1960, elle devient propriété de l’Administration communale, le rez-de-chaussée servira quelques années de cadre prestigieux pour les expositions du cercle « Pro-Arte », avant de devenir le siège des services de l’état-civil. Ce qui permet à chaque Theutois de franchir le seuil de cette prestigieuse demeure.
La façade de droite, suite aux transformations du 19ème siècle, présente au rez-de-chaussée, une porte plus récente avec imposte vitrée et une fenêtre dont on a supprimé les meneaux de pierre et abaissé le niveau et il en est de même pour les fenêtres du premier étage, elle devient ainsi une maison commerciale; restent du style Renaissance liégeoise : le soubassement, les cordons horizontaux de pierre calcaire, les petites baies carrées sous la corniche et bien entendu sous le toit.

Son histoire est moins connue, en voici quelques dates.
Après avoir été habitée entre 1761 et 1792 par Robert de Limbourg, elle est devenue en 1828 une auberge gérée par Barthélemy Quaré, en 1839, elle appartient à un maître-serrurier[[Serrurerie : ouvrage quelconque en fer forgé]], Jean-François Leguéridon qui va construire une annexe entre sa maison et l’hôtel de ville pour y installer sa forge, petit bâtiment facilement repérable sur les anciennes cartes-vue. A partir de la fin du 19ème siècle, c’est la maison Jean Mertens, un peintre lui aussi, mais cette fois en bâtiment, à cette époque la façade est recouverte de couleur blanche.

Enfin, en 1935, elle est rachetée par l’administration Communale qui s’empresse de démolir cette triste annexe et installe à la place un jardinet qui abrite des restes du deuxième perron enlevé en 1768 et depuis 1989, la stèle n°1 de la Route des Droits de l’Homme.
Cet ensemble avec en avant-scène notre vieux perron est assurément la vue la plus connue de Theux. Il faut reconnaître qu’elle a fière allure notre place. Hélas la photographier sans véhicule moderne devient un véritable exploit.

Pays de Franchimont N° 542 de juillet 1991

Pour les chroniqueurs du Marquisat

A. GONAY

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