Thérèse Beauve

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Thérèse Beauve aurait pu inspirer Hugues Aufray

Le 12 janvier dernier, Thérèse Beauve disparaissait lors d’un accident de la route non seulement tragique, mais aussi très regrettable. Cette dame connue de beaucoup était aussi discrète qu’efficace. En parler dans notre Pays de Franchimont au travers d’un portrait, c’est une manière de rendre hommage aux bénévoles qui sont le terreau de notre vie associative. Issue de la grande famille Beauve de ·Juslenville, elle cumulait deux titres : celui de seule fille de la famille et celui d’aînée d’une bande de cinq garçons. Vous imaginez dès lors que sa vie fut à la fois celle de la grande sœur, de la mère et, plus tard, celle de grande-tante, voire de seconde mamy pour ses quelque dix-sept petits-neveux. De plus, chez les Beauve, le sens de la famille est sacré. Sa jeunesse fut assez stricte et se limita, dans les grandes lignes, au QG de la famille, rue de l’Eglise à Juslenville, aux réunions du patronage et aux activités paroissiales. Il y eut bien ces deux années passées sur le plateau de Hervé comme interne, après lesquelles elle est vite revenue dans le giron familial. De l’ambiance, vous imaginez qu’il y en avait dans le salon des Beauve. Quand on a cinq frères, les copains débarquent fréquemment et il y a toujours du monde à la maison. Là encore, on retrouve mademoiselle Beauve pour épauler sa maman. De plus, les frères ne sont pas très décidés à quitter le nid familial, car, à l’exception d’un seul, les autres ont attendu d’être trentenaires ou presque pour se marier. Trente-huit ans ont passé et voilà mademoiselle Beauve confrontée à un changement de cap important : la ferme cesse ses activités et il lui faut trouver un travail. Elle va suivre une formation d’aide familiale et, tout de suite, embrasser ce beau métier au service des autres. Cette activité professionnelle, elle va l’exercer durant plus de vingt ans. Sa région privilégiée fut Verviers et Theux. Elle prenait le bus pour se déplacer. Mais ses activités se sont aussi tournées vers différentes chorales, le théâtre comme souffleuse, Vie féminine et, depuis près de 15 ans, l’église de Juslenville comme sacristine. Ses plaisirs s’orientaient aussi vers les concerts de musique classique, les conférences d’exploration du monde. Elle a longtemps été friande de voyages sous la forme de courtes excursions ou d’expéditions comme son séjour en Terre Sainte ou, plus ludique sans doute, son débarquement en terre écossaise. Elle fut aussi un membre assidu de l’émission d’Alex Gonay sur les ondes de Radio-Franchimont. C’est donc aussi une passionnée d’histoire et de généalogie familiale. Une fois pensionnée, elle a aussi voulu continuer à soutenir les plus âgés en leur rendant visite dans les homes de l’entité. Mais sa maison était également ouverte aux enfants du quartier qui y trouvaient un lieu d’attention, d’écoute et de soutien. Même, les facteurs venaient chaque jour chercher leur sacoche et… leur tasse de café. Cette demoiselle a eu une vie toute tournée vers les autres, un peu comme Céline chantée par Hugues Aufray. Si on pouvait lui trouver une très grande modestie, on doit aussi souligner ses traits de caractères bien affirmés : si elle avait quelque chose à dire, elle ne se gênait pas et, s’il fallait remettre un peu d’ordre dans les discussions familiales, elle y allait de son droit d’aînesse pour rappeler à ses frères et belles-sœurs certains principes de la vie en groupe. Elle recherchait avant tout la concorde. Sans doute pour assurer la continuité des valeurs familiales, de se faisait un plaisir de rassembler ses neveux et nièces et de présider les réunions de famille. Thérèse Beauve nous a quittés en laissant aux siens, à ses amis et à nous tous, l’image d’une personne dévouée, engagée, qui défendait ses convictions, tout en osant tes proposer avec respect aux générations suivantes.

Alexandre Lodez

Pays de franchimont 698 mars 2005

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